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Du Christianisme.

blement la créance des apôtres, mais n’est pas une pièce écrite par eux. Rufin prêtre d’Aquilée est le premier qui en parle, & une homélie attribuée à St. Augustin est le premier monument qui suppose la manière dont ce Credo fut fait. Pierre dit dans l’assemblée, Je crois en Dieu, Père tout-puissant ; André dit, & en Jésus-Christ ; Jaques ajoute, qui a été conçu du St. Esprit ; & ainsi du reste.

Cette formule s’appelait symbolos en grec, en latin Collatio. Il est seulement à remarquer que le grec porte, Je crois en Dieu Père tout-puissant, faiseur du ciel & de la terre : Pisteo eis theon patera pantokratora poieten ouranou kai ges ; le latin traduit, faiseur, formateur, par creatorem. Mais depuis au premier concile de Nicée, on mit factorem.

Le Christianisme s’établit d’abord en Grèce. Les Chrétiens y eurent à combattre une nouvelle secte de Juifs devenus philosophes à force de fréquenter les Grecs, c’était celle de la Gnose ou des Gnostiques ; il s’y mêla de nouveaux chrétiens. Toutes ces sectes jouïssaient alors d’une entière liberté de dogmatiser, de conférer & d’écrire ; mais sous Domitien la religion chrétienne commença à donner quelque ombrage au gouvernement.

Mais ce zèle de quelques chrétiens, qui n’était pas selon la science, n’empêcha pas l’Église de faire les progrès que Dieu lui destinait. Les chrétiens célébrèrent d’abord leurs mystères dans des maisons retirées, dans des caves, pendant la nuit ; de là leur vint le titre de lu-