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Catéchisme du Japonois.

seuls avons enseigné aux hommes les loix primitives de la nature, & le calcul de l’infini ? que s’il faut descendre à des choses qui sont d’un usage plus commun, les gens de son pays n’ont appris que de nous à faire des jonques, dans les proportions mathématiques ? qu’ils nous doivent jusqu’aux chausses appelées les bas au métier, dont ils couvrent leurs jambes ? Serait-il possible qu’ayant inventé tant de choses admirables ou utiles, nous ne fussions que des fous ? & qu’un homme qui a mis en vers les rêveries des autres fût le seul sage ? Qu’il nous laisse faire notre cuisine, & qu’il fasse, s’il veut, des vers sur des sujets plus poëtiques.[1]

l’Indien.

Que voulez-vous ? il a les préjugés de son pays, ceux de son parti, & les siens propres.

Le Japonois.

Oh voilà trop de préjugés !

  1. N. B. Cet Indien Recina, sur la fois des rêveurs de son pays, a cru qu’on ne pouvait faire de bonnes sausses que quand Brama par une volonté toute particulière enseignait lui-même la sausse à ses favoris, qu’il y avait un nombre infini de cuisiniers auxquels il était impossible de faire un ragoût avec la ferme volonté d’y réussir, & que Brama leur en ôtait les moyens par pure malice. On ne croit pas au Japon une pareille impertinence, & on y tient pour une vérité incontestable cette sentence Japonoise. God never acts by partial will, but by general Laws.