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Catéchisme du Japonois.

once d’argent à partager entre eux & les onze autres cuisiniers, ils en prennent d’abord la moitié pour eux, & le reste est pour ceux qui savent le mieux compter.

l’Indien.

Je crois que vous ne soupez guère avec ces gens-là.

Le Japonois.

Non ; il y a ensuite les Pispates, qui certains jours de chaque semaine, & même pendant un tems considérable de l’année, aimeraient cent fois mieux manger pour cent écus de turbots, de truites, de soles, de saumons, d’esturgeons, que de se nourrir d’une blanquette de veau, qui ne reviendrait pas à quatre sous.

Pour nous autres Canusi, nous aimons fort le bœuf, & une certaine pâtisserie qu’on appelle en Japonois du pudding. Au reste, tout le monde convient que nos cuisiniers sont infiniment plus savants que ceux des Pispates. Personne n’a plus approfondi que nous le Garum des Romains, n’a mieux connu les oignons de l’ancienne Égypte, la pâte de sauterelles des premiers Arabes, la chair de cheval des Tartares, & il y a toûjours quelque chose à apprendre dans les livres des Canusi, qu’on appelle communément Pauxcospie.

Je ne vous parlerai point de ceux qui ne mangent qu’à la Terluh, ni de ceux qui tiennent pour le régime de Vincal, ni des Batistanes, ni des autres ; mais les Quekars méritent