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Catéchisme Chinois.

tombait entre nos mains, nous avions soin de lui comme s’il eût été notre frère, nous avons souvent donné notre propre lit à nos ennemis blessés & prisonniers, & nous avons couché auprès d’eux sur des peaux de tigres étendues à terre ; nous les avons servis nous-mêmes : que voulez-vous de plus ? que nous les aimions comme on aime sa maîtresse ?

Cu-su.

Je suis très édifié de tout ce que vous me dites, & je voudrais que toutes les nations vous entendissent. Car on m’assure qu’il y a des peuples assez impertinents pour oser dire que nous ne connaissons pas la vraie vertu, que nos bonnes actions ne sont que des péchés splendides, que nous avons besoin des leçons de leurs talapoins pour nous faire de bons principes. Hélas les malheureux ! ce n’est que d’hier qu’ils savent lire & écrire, & ils prétendent enseigner leurs maîtres !

SIXIÈME ENTRETIEN.
Cu-su.

Je ne vous répéterai pas tous les lieux communs qu’on débite parmi nous depuis cinq ou six mille ans sur toutes les vertus. Il y en a qui ne sont que pour nous-mêmes, comme la prudence pour conduire nos ames, la tempérance pour gouverner nos corps ; ce sont des préceptes de politique & de santé. Les vérita-