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Catéchisme Chinois.

d’être plus sages que les autres Chinois : eh bien, qu’ils fassent donc des enfans sages. Voilà une plaisante manière d’honorer le Chang-ti que de le priver d’adorateurs ! Voilà une singulière façon de servir le genre humain que de donner l’exemple d’anéantir le genre humain ! Le bon petit Lama[1] nommé Stelca isant Erepi, voulait dire que tout prêtre devait faire le plus d’enfans qu’il pourrait ; il prêchait d’exemple, & a été fort utile en son tems. Pour moi, je marierai tous les Lamas & bonzes, & Lamesses & bonzesses qui auront de la vocation pour ce saint œuvre ; ils en seront certainement meilleurs citoyens, & je croirai faire en cela un grand bien au royaume de Lou.

Cu-su.

Oh ! le bon prince que nous aurons là ! Vous me faites pleurer de joie. Vous ne vous contenterez pas d’avoir des femmes & des sujets ; car enfin, on ne peut pas passer sa journée à faire des édits & des enfans, vous aurez sans doute des amis.

Kou.

J’en ai déjà, & de bons, qui m’avertissent de mes défauts ; je me donne la liberté de reprendre les leurs ; ils me consolent, & je les console ; l’amitié est le baume de la vie, il vaut mieux que celui du chymiste Érueil, & même

  1. Stelca isant Erepi, signifie en chinois, l’abbé Castel de Saint Pierre.