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Catéchisme Chinois.

Cu-su.

L’erreur de penser qu’il n’y a ni santé de l’ame, ni maladie de l’ame, ni vertu ni vice, est aussi grande & plus funeste. Ceux qui ont dit que tout est égal sont des monstres ; est-il égal de nourrir son fils, ou de l’écraser sur la pierre ? de secourir sa mère, ou de lui plonger un poignard dans le cœur ?

Kou.

Vous me faites frémir : je déteste la secte de Laokium ; mais il y a tant de nuances du juste & de l’injuste ! on est souvent bien incertain. Quel homme sait précisément ce qui est permis, ou ce qui est défendu ? qui pourra poser sûrement les bornes qui séparent le bien & le mal ? quelle règle me donnerez-vous pour les discerner ?

Cu-su.

Celles de Confutzée mon maître ; vis comme en mourant tu voudrais avoir vécu, traite ton prochain comme tu veux qu’il te traite.

Kou.

Ces maximes, je l’avoue, doivent être le code du genre humain. Mais que m’importera en mourant d’avoir bien vécu ? qu’y gagnerai-je ? cette horloge quand elle sera détruite, sera-t-elle heureuse d’avoir bien sonné les heures ?

Cu-su.

Cette horloge ne sent point, ne pense point,