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Catéchisme Chinois.

nonçons de même un mot qui n’a pas de sens, quand nous disons qu’il faut se rendre digne du ciel, c’est comme si nous disions, Il faut se rendre digne de l’air, digne de la constellation du dragon, digne de l’espace.

KOU.

Je croîs vous comprendre ; il ne faut adorer que le Dieu qui a fait le ciel & la terre.

CU-SU.

Sans doute ; il faut n’adorer que Dieu. Mais quand nous disons qu’il a fait le ciel & la terre, nous disons pieusement une grande pauvreté. Car si nous entendons par le ciel l’espace prodigieux dans lequel Dieu alluma tant de soleils, & fit tourner tant de mondes, il est beaucoup plus ridicule de dire, le ciel & la terre, que de dire, les montagnes & un grain de sable. Notre globe est infiniment moins qu’un grain de sable en comparaison de ces millions de milliards d’univers, parmi lesquels nous disparaissons. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de joindre ici notre faible voix à celle des êtres innombrables, qui rendent hommage à Dieu dans l’abîme de l’étendüe.

KOU.

On nous a donc bien trompés, quand on nous a dit que Fo était descendu chez nous du quatrième ciel, & avait paru en éléphant blanc.