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ſtance, fait pour catéchiſer, & non pour dominer, oſa dans des tems d’anarchie, s’intituler Prince de la ville dont il n’étoit que le paſteur ; il fut manifeſtement coupable de rebellion & de tirannie.

de Geneve eſt un Tiran, les premiers ſont des Deſpotes, la différence n’eſt pas extrême, mais il étoit juſte que le Prélat eut une diſtinction marquée ; perſonne ne l’auroit ſi heureuſement trouvé que l’Auteur dans la qualité de Rebelle. Cependant comme l’on peut hardiment contredire M. D. V. ſans craindre de combatte la vérité, on lui ſoutient que les Evêques de Geneve ne furent jamais ni Tyrans, ni Rebelles. Le rebelle eſt celui qui refuſe d’obéir à ſon Souverain : le tiran abuſe de ſon autorité & mépriſe les Loix pour vexer ſes ſujets. A ces deux traits reconnoitra-t-on l’hiſtoire des Evêques de Geneve.

Cette ville ayant paſſé dans la dépendance de l’Empire, l’adminiſtration de ſon Gouvernement fut fixée au X. ſiecle par la conceſſion des Empereurs de la maniere qu’elle étoit exercée depuis quelque tems par l’Evêque. Il ne paroit pas que les Citoyens y euſſent quelque part marquée. Les Actes publics de ces tems là ne dépoſent qu’en faveur de l’autorité Epiſcopale. La juriſdiction temporelle de l’Evêque fut confirmée par une Bulle de l’Empereur Fréderic I. en faveur d’Ardutius. La ſouveraineté du Prélat n’altéroit point les franchiſes dont Geneve jouiſſoit en qualité de Ville Impériale. La maniere même dont ils en uſerent ſervit à étendre la liberté du Gouvernement. Ce fut l’éfet des événemens qui intéreſſoient les droits eſſentiels des Citoyens, & dont les Evêques ne vouloient pas prendre l’iſſue ſur eux ſeuls. L’on convoquoit le Conſeil général, plus nombreux alors qu’il n’eſt aujour-