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donner à ma maiſon & à la République des hommes ſans honneur, ſans vertu. Ariſtipe n’eut que le tems de ſe ſauver pour éviter le péril d’être jetté dans la mer.


LXV.

La tolérance eſt auſſi néceſſaire en politique qu’en religion ; c’eſt l’orgueil ſeul qui eſt intolérant. C’eſt lui qui révolte les eſprits en voulant les forcer à penſer comme nous ; c’eſt la ſource ſecrette de toutes les diviſions.

LXV.

La tolérance peut être une loi de politique, elle ne peut jamais devenir une loi de religion La vérité eſt une ; c’eſt un point indiviſible qui ne peut ſe trouver dans le oui & le non. La vraie religion ne peut donc recevoir à la fois la vérité & l’erreur ; elle eſt à cet égard auſſi ſevere que la pureté de la morale qui n’admet point d’exception ni de mélange dans ſes dogmes. Afin de prévenir les conſéquences outrées qu’on pourroit tirer diſtinguons deux ſortes d’intolérance, l’intolérance privée, l’intolérance publique. La premiere fixe invariablement la croyance du fidele & ne regarde que lui ſeul. Celle-ci revêtue d’une autorité légitime ne permet le libre exercice que d’une religion dans l’Etat, ou elle donne l’excluſion à celle qu’il lui plait ; ainſi en Angleterre, en Hollande toute eſpece de re-