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Pourquoi donc M. D. V. regarde-t-il d’un œil de mépris la Religion des Peuples qui leur interdit l’examen de l’autorité légitime qui les gouverne, & qui leur fait un crime de toute démarche qui tendroit à recouvrer une liberté qui ne ſe conſerve jamais mieux que ſous une adminiſtration affermie par la ſageſſe des Loix. C’eſt que dans les complots de la révolte, & dans l’examen de l’autorité il n’y a ni injuſtice ni injure. C’eſt l’analiſe de ſa maxime.


V.

Le plus abſurde des Deſpotiſmes, le plus humiliant pour la nature humaine, le plus contradictoire, le plus funeſte, eſt celui des prêtres, & de tous les empires ſacerdotaux, le plus criminel eſt ſans contredit celui des prêtres de la religion chrétienne. C’eſt un outrage fait à notre Évangile, puiſque Jeſus dit en vingt endroits : il n’y aura parmi vous ni premier ni dernier ; mon Royaume n’eſt pas de ce monde ; le Fils de l’Homme n’eſt pas venu pour être ſervi, mais pour ſervir, &c.

V.

Voici certainement un Coq-à-l’âne des plus heureux ; l’on ne connoiſſoit pas encore ce talent à M. D. V. Quoi, les Prêtres, les Miniſtres de la Religion Chrétienne coupables d’un Deſpotiſme humiliant pour les hommes, contradictoire, funeſte, criminel ! riſum teneatis amici ; c’eſt la fable de celui qui voioit un animal dans la Lune. Si jamais Ecrivain a pris un ton de Deſpote dans la République des Lettres, c’eſt celui-ci. Ne voudroit-il pas nous faire paſſer pour des Hurons ou des Iroquois auxquels il prétend préſenter les Miniſtres du Sacerdoce