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mieres. Mais il eſt conſéquent que ce qui eſt raiſon pour nous, ne le ſoit pas pour eux. Ne nous ſouviendrons-nous jamais que la ſageſſe moderne qui les éclaire, leur communique le privilege de penſer, de voir de raiſonner d’une maniere toute merveilleuſe, à laquelle il ne nous eſt pas permis d’atteindre. Auſſi ſous l’empire de cette nouvelle raiſon quelle force leur eſprit ne montre-t-il pas en combattant la raiſon de tous les ſiécles, & en déclarant la guerre au Ciel ? & quels prodiges ne lui fait-elle pas opérer ? prodiges de transformation, de converſion, de réſolution : l’eſprit eſt transformé en matiere ; l’homme eſt changé en une portion de terre organiſée : les bêtes prennent les qualités de l’eſprit ; la religion analiſée ne donne que le reſidu d’une influence phiſique. L’on diroit qu’un monde de nouveaux Etres ſort du cerveau de nos philoſophes modernes. Dieu & l’homme ſont les ſeuls qui perdent dans leurs opérations : mais la matiere eſt déifiée.


LXIII.

Malgré ſes défauts, cet ouvrage doit être toujours cher aux hommes, parce que l’auteur a dit ſincérement ce qu’il penſoit,

LXIII.

L’Auteur a encore de la conſcience : après avoir dit du mal de M. D. M. & de ſon ouvrage, il eſt ſaiſi des remords. Il tâche de le dédommager en excitant en