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déclame contre les femmes, mais Daphneus prend leur parti ; Plutarque décide pour Daphneus ; il fait un très-bel éloge de l’amour céleſte & de l’amour conjugal ; il finit par rapporter pluſieurs exemples de la fidélité & du courage des femmes. C’eſt même dans ce dialogue qu’on trouve l’hiſtoire de Camma & celle d’Eponime femme de Sabinus, dont les vertus ont ſervi de ſujet à des piéces de théatre. Enfin il eſt clair que Monteſquieu dans l’Eſprit des Loix a calomnié l’eſprit de la Grece en prenant une objection que Plutarque réfute, pour une loi que Plutarque recommande.

LV.

(Liv. III. chap. 9.) Les Cadis ont ſoutenu que le Grand Seigneur n’eſt point obligé de tenir ſa parole & ſon ſerment lorſqu’il borne par là ſon autorité.

Ricaut cité en cet endroit, dit ſeulement page 18. de l’édition d’Amſterdam 1671. Il y a même de ces gens-là qui ſoutiennent que le Grand Seigneur peut ſe diſpenſer des promeſſes qu’il a faites avec ſer-

LV.

L’erreur n’eſt pas des plus groſſieres. Au reſte ce que M. D. M. met ſur le compte des Cadis en général, Ricaut l’attribue aux Turcs ſans diſtinction[1].

Cet hiſtorien qui a long-tems vécu parmi ces infidéles ; qui s’eſt appliqué à en connoître le génie, les mœurs, l’hiſtoire, les principes de leur gouvernement, ne donne pas une grande idée de la bonne foi du Sultan dans l’obſervation des traités faits avec les Puiſſances.

  1. Ric. Tabl. de l’Emp. Ott. pag 4. Edit. de la Haie.