Page:Voltaire - Idées républicaines, augmentées de remarques, éd. Needham, 1766.djvu/5

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
5
les nourrit qu’afin qu’ils ſoient en état de le ſervir, il ne les panſe dans leurs maladies, qu’afin qu’ils lui ſoient, utiles en ſanté. Il les engraiſſe pour ſe nourrir de leur ſubſtance, & il ſe ſert de la peau des uns pour atteller les autres à la charrue.

me accoutumé à ſaluer ſes chevaux, lorſqu’il les va voir dans ſon écurie, & qui ne met point de différence entre les facultés de l’eſprit humain & l’adreſſe d’un chien de chaſſe[1].

Auroit-on beſoin d’obſerver que la comparaiſon dont ſe ſert M. D. V. n’eſt pas moins fauſſe qu’injurieuſe à l’humanité.

Un Gouvernement deſpotique ou arbitraire laiſſe aux ſujets la liberté de jouir de quelques avantages qui leur ſont propres ; l’Hiſtoire de l’Empire Turc en offre la preuve.


III.

Un peuple eſt ainſi ſubjugué, ou par un compatriote habile qui a profité de ſon imbécillité & de ſes diviſions ; ou par un voleur appellé Conquérant, qui eſt venu avec d’autres voleurs s’emparer de ſes terres, qui a tué ceux qui ont réſiſté & qui a fait ſes eſclaves des lâches auxquels il a laiſſé la vie.


III.

Quelques Peuples ont été ſubjugués par des Deſpotes à la faveur de leur imbécillité & de leurs diviſions, mais l’établiſſement primitif de l’Etat Monarchique que l’Auteur tache de rendre odieux, n’annonce rien de ſemblable. L’on inſiſteroit inutilement ſur le beſoin d’une autorité légitime, eſſentielle à la tranquillité des hommes. C’eſt une vérité très-connue. Diſons

  1. Dict. Phil. Art. Ame,