Page:Voltaire - Idées républicaines, augmentées de remarques, éd. Needham, 1766.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28


ſant ſi facilement le crédit & les richeſſes, jette ſur le pavé un nombre d’ouvriers utiles. Les Loix ſomptuaires doivent donc être du gout de tout le monde par une ſuite du bienfait qui revient à tous.


XXIV.

Si une République s’eſt formée dans des guerres de religion, ſi dans ces troubles elle a écarté de ſon territoire les ſectes ennemies de la ſienne, elle s’eſt ſagement conduite ; parce qu’alors elle ſe regardoit comme un païs environné de peſtiferés, & qu’elle craignois qu’on ne lui apportât la peſte. Mais lorſque ces tems de vertige ſont paſſés, lorſque la tolérance eſt devenue le dogme dominant de tous les honnêtes gens de l’Europe, n’eſt-ce pas une barbarie ridicule de demander à un homme qui vient s’établir & apporter ſes richeſſes dans notre pays, Monſieur, de quelle religion êtes-vous ? l’or & l’argent, l’induſtrie, les talents ne ſont d’aucune religion.

XXIV.

Perſonne n’ignore les circonſtances & la maniere qui de Geneve catholique en ont fait une ville proteſtante[1]. C’eſt un malheur digne de nos regrets. Aujourd’hui une tolérance plus étendue, accordée par la République donneroit plus de facilité au commerce, & une liberté de conſcience mettroit bien des conſciences en ſureté.


XXV.

Dans une République digne de ce nom,

XXV.

Il n’eſt point d’auteur plus

  1. V. l’Hiſt. de Spont.