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le trait d’une ſage politique : par ce moyen il ſut affermir l’Egliſe & l’Empire contre l’invaſion des nations infidelles. Ses Succeſſeurs uſerent de la même politique avec le même ſuccès. Il eſt vrai que quelques-uns de ces Prélats ont quelquefois opprimé leurs ſujets : l’Hiſtoire ne les a pas épargnés ; mais elle les reconnoît pour de légitimes Souverains. L’on a déja remarqué les erreurs de M. D. V. ſur l’Hiſtoire, l’on vient d’en obſerver de nouvelles ; toute la différence qu’on trouve entre les unes & les autres, c’eſt que les premieres ont été l’effet de l’ignorance ou de la mauvaiſe foi, celles-ci ont pour principe l’irréligion.


VIII.

Pourquoi eſt-il dans la nature de l’homme d’avoir plus d’horreur pour ceux qui nous ont ſubjugués par la fourberie, que pour ceux qui nous ont aſſervis par les armes ? C’eſt que du moins il y a eu du courage dans les tirans qui ont dompté les hommes ; il n’y a eu que de la lâcheté dans ceux qui les ont trompés. On hait la valeur des Conquérants,

VIII.

Ne pourrions-nous point demander à notre tour pourquoi il eſt dans la nature de l’honnete homme d’éprouver plus de mépris, plus d’indignation & d’horreur pour celui qui paſſe ſa vie à préparer dans ſon cabinet les moiens de répandre dans les cœurs le poiſon de l’impiété & du libertinage, que pour un malheureux qui vit de vols & de rapines ? C’eſt que du moins les pertes que cauſent les déſordres