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deux natures avec une seule personne ; il laissa aux cordeliers & aux jacobins qui devaient venir douze cents ans après lui, le soin d’argumenter pour savoir si sa mère a été conçue dans le péché originel ; il n’a jamais dit que le mariage est le signe visible d’une chose invisible ; il n’a pas dit un mot de la grace concomitante ; il n’a institué ni moines ni inquisiteurs ; il n’a rien ordonné de ce que nous voyons aujourd’hui.

Dieu avait donné la connaissance du juste & de l’injuste dans tous les temps qui précédèrent le christianisme. Dieu n’a point changé & ne peut changer : le fond de notre âme, nos principes de raison & de morale seront éternellement les mêmes. De quoi servent à la vertu des distinctions théologiques, des dogmes fondés sur ces distinctions, des persécutions fondées sur ces dogmes ? La nature effrayée & soulevée avec horreur contre toutes ces inventions barbares, crie à tous les hommes, Soyez justes, & non des sophistes persécuteurs.

Vous lisez dans le Sadder, qui est l’abrégé des loix de Zoroastre, cette sage maxime. Quand il est incertain si une action qu’on te propose est juste ou injuste, abstiens-toi. Qui jamais a donné une règle plus admirable ? quel législateur à mieux parlé ? Ce n’est pas là le systême des opinions probables inventé par des gens qui s’appelaient la Société de Jésus.

lettres, gens de lettres ou lettrés