Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/67

Cette page n’a pas encore été corrigée

doit sentir pour la conservation de cette espèce.

Comment ce mystère continuel s’opère-t-il ? dites-le-moi, jaunes habitans des îles de la Sonde, noirs Africains, imberbes Canadiens, & vous Platons, Cicérons, Épictètes. Vous sentez tous également qu’il est mieux de donner le superflu de votre pain, de votre riz ou de votre manioc au pauvre qui v0us le demande humblement, que de le tuer ou de lui crever les deux yeux. Il est évident à toute la terre qu’un bienfait est plus honnête qu’un outrage, que la douceur est préférable à l’emportement.

Il ne s’agit donc plus que de nous servir de notre raison pour discerner les nuances de l’honnête & du déshonnête. Le bien & le mal sont souvent voisins ; nos passions les confondent : qui nous éclairera ? nous-mêmes quand nous sommes tranquilles. Quiconque a écrit sur nos devoirs a bien écrit dans tous les pays du monde, parce qu’il n’a écrit qu’avec sa raison. Ils ont tous dit la même chose : Socrate & Épicure, Confutzée & Cicéron, Marc-Antonin & Amurath second ont eu la même morale.

Redisons tous les jours à tous les hommes, La morale est une, elle vient de Dieu ; les dogmes sont différents, ils viennent de nous.

Jésus n’enseigna aucun dogme métaphysique, il n’écrivit point de cahiers théologiques ; il ne dit point, Je suis consubstantiel, j’ai deux volontés et