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mais Le Beau & La Bléterie tremblent de le louer devant des habitués de paroisse.

(Tiré de M. Boulanger.)

Joseph

L’histoire de Joseph, à ne la considérer que comme un objet de curiosité & de littérature, est un des plus précieux monuments de l’antiquité, qui soient parvenus jusqu’à nous. Elle paraît être le modèle de tous les écrivains orientaux ; elle est plus attendrissante que l’Odyssée d’Homère ; car un héros qui pardonne, est plus touchant que celui qui se venge.

Nous regardons les Arabes comme les premiers auteurs de ces fictions ingénieuses qui ont passé dans toutes les langues ; mais je ne vois chez eux aucune avanture comparable à celle de Joseph. Presque tout en est merveilleux, & la fin peut faire répandre des larmes d’attendrissement. C’est un jeune homme de seize ans dont ses frères sont jaloux ; il est vendu par eux à une caravane de marchands ismaëlites, conduit en Égypte, & acheté par un eunuque du roi. Cet eunuque avait une femme, ce qui n’est point du tout étonnant ; le kislar-aga eunuque parfait, à qui on a tout coupé,