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Judée

Je n’ai pas été en Judée, Dieu merci, & je n’irai jamais. J’ai vu des gens de toute nation qui en sont revenus. Ils m’ont tous dit que la situation de Jérusalem est horrible ; que tout le pays d’alentour est pierreux ; que les montagnes sont pelées ; que le fameux fleuve du Jourdain n’a pas plus de quarante-cinq pieds de largeur, que le seul bon canton de ce pays est Jérico. Enfin ils parlent tous comme parlait Saint Jérôme qui demeura si longtemps dans Bethléem, & qui peint cette contrée comme le rebut de la nature. Il dit qu’en été il n’y a pas seulement d’eau à boire. Ce pays cependant devait paraître aux Juifs un lieu de délices en comparaison des déserts dont ils étaient originaires. Des misérables qui auraient quitté les Landes pour habiter quelques montagnes du Lampourdan vanteraient leur nouveau séjour, & s’ils espéraient pénétrer jusque dans les belles parties du Languedoc, ce serait là pour eux la terre promise.

Voilà précisément l’histoire des Juifs. Jérico, Jérusalem sont Toulouse & Montpellier, & le désert de Sinaï est le pays entre Bordeaux & Bayonne.

Mais si le Dieu qui conduisait les Juifs, voulait leur donner une bonne terre, si ces malheureux