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dit-il, est une émanation de la divinité. Mes enfans, mon corps, mes esprits me viennent de Dieu. »

Les stoïciens, les platoniciens, admettaient une nature divine & universelle : les épicuriens la niaient. Les pontifes ne parlaient que d’un seul Dieu dans les mystères. Où étaient donc les idolâtres ?

Au reste c’est une des grandes erreurs du Dictionnaire de Moréri de dire que du temps de Théodose le jeune, il ne resta plus d’idolâtres que dans les pays reculés de l’Asie & de l’Afrique. Il y avait dans l’Italie beaucoup de peuples encor gentils, même au septième siècle. Le nord de l’Allemagne depuis le Vézer, n’était pas chrétien du temps de Charlemagne. La Pologne & tout le septentrion restèrent longtemps après lui dans ce qu’on appelle idolâtrie. La moitié de l’Afrique, tous les royaumes au-delà du Gange, le Japon, la populace de la Chine, cent hordes de Tartares ont conservé leur ancien culte. Il n’y a plus en Europe que quelques Lapons, quelques Samoyèdes, quelques Tartares, qui aient persévéré dans la religion de leurs ancêtres.

Finissons par remarquer que dans les temps qu’on appelle parmi nous le moyen âge, nous appelions le pays des mahométans la Paganie. Nous traitions d’idolâtres, d’adorateurs d’images, un peuple qui a les images en horreur. Avouons encor une fois, que les Turcs sont plus excusables de nous croire idolâtres, quand ils voient