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à Rome le jour de la fête de Cibèle, des belles paroles que la statue avait prononcées, lorsqu’on en fit la translation du palais du roi Attale.

Ipsa pati volui, ne sit mora, mitte volentem :
Dignus Roma locus, quò deus omnis eat.

J’ai voulu qu’on m’enlevât, emmenez-moi vite ; Rome est digne que tout dieu s’y établisse.

La statue de la Fortune avait parlé ; les Scipions, les Cicérons, les Césars, à la vérité, n’en croyaient rien ; mais la vieille à qui Encolpe donna un écu pour acheter des oies & des dieux, pouvait fort bien le croire.

Les idoles rendaient aussi des oracles, & les prêtres cachés dans le creux des statues parlaient au nom de la divinité.

Comment au milieu de tant de dieux & de tant de théogonies différentes, & de cultes particuliers, n’y eut-il jamais de guerre de religion chez les peuples nommés idolâtres ? Cette paix fut un bien qui naquit d’un mal, de l’erreur même. Car chaque nation reconnaissant plusieurs dieux inférieurs, trouva bon que ses voisins eussent aussi les leurs. Si vous exceptez Cambyse à qui on reproche d’avoir tué le bœuf Apis, on ne voit dans l’histoire profane aucun conquérant qui ait maltraité les dieux d’un peuple vaincu. Les gentils n’avaient aucune religion exclusive, & les prêtres ne