Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée

le respect pour la vertu. Mais ces anciennes apothéoses sont encor une preuve convaincante que les Grecs & les Romains n’étaient point proprement idolâtres. Il est clair qu’ils n’admettaient pas plus une vertu divine dans la statue d’Auguste & de Claudius, que dans leurs médailles.

Cicéron dans ses ouvrages philosophiques ne laisse pas soupçonner seulement qu’on puisse se méprendre aux statues des dieux & les confondre avec les dieux mêmes. Ses interlocuteurs foudroient la religion établie, mais aucun d’eux n’imagine d’accuser les Romains de prendre du marbre & de l’airain pour des divinités. Lucrèce ne reproche cette sottise à personne, lui qui reproche tout aux superstitieux. Donc, encor une fois, cette opinion n’existait pas, on n’en avait aucune idée. Il n’y avait point d’idolâtre.

Horace fait parler une statue de Priape ; il lui fait dire, J’étais autrefois un tronc de figuier ; un charpentier ne sachant s’il ferait de moi un dieu ou un banc, se détermina enfin à me faire dieu, &c. Que conclure de cette plaisanterie ? Priape était de ces petites divinités subalternes, abandonnées aux railleurs ; & cette plaisanterie même est la preuve la plus forte que cette figure de Priape qu’on mettait dans les potagers pour effrayer les oiseaux, n’était pas fort révérée.

Dacier en se livrant à l’esprit commentateur n’a pas manqué d’observer que Baruch avait prédit