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Quand le consul Pline adresse les prières aux dieux immortels, dans l’exorde du Panégyrique de Trajan, ce n’est pas à des images qu’il les adresse ; ces images n’étaient pas immortelles.

Ni les derniers temps du paganisme, ni les plus reculés, n’offrent pas un seul fait qui puisse faire conclure qu’on adorât une idole. Homère ne parle que des dieux qui habitent le haut Olympe. Le palladium, quoique tombé du ciel, n’était qu’un gage sacré de la protection de Pallas ; c’était elle qu’on vénérait dans le palladium.

Mais les Romains & les Grecs se mettaient à genoux devant des statues, leur donnaient des couronnes, de l’encens, des fleurs, les promenaient en triomphe dans les places publiques. Nous avons sanctifié ces coutumes, & nous ne sommes point idolâtres.

Les femmes en temps de sécheresse portaient les statues des dieux, après avoir jeûné. Elles marchaient pieds nus ; les cheveux épars, & aussitôt il pleuvait à seaux, comme dit Pétrone, & statim urceatim pluebat. N’avons-nous pas consacré cet usage illégitime chez les gentils, & légitime sans doute parmi nous ? Dans combien de villes ne porte-t-on pas nu-pieds des charognes pour obtenir les bénédictions du ciel par leur intercession ? Si un Turc, un lettré chinois était témoin de ces cérémonies, il pourrait par ignorance nous accuser d’abord de mettre notre confiance dans les simulacres que nous promenons ainsi en procession, mais