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Je suis bien sûr au moins que si nous ne voyons pas les choses en Dieu même, nous les voyons par son action toute-puissante.

Et comment cette action se fait-elle ?

Je vous ai dit cent fois dans nos entretiens que je n’en savais pas un mot, & que Dieu n’a dit son secret à personne. J’ignore ce qui fait battre mon cœur, courir mon sang dans mes veines : j’ignore le principe de tous mes mouvements ; & vous voulez que je vous dise comment je sens, & comment je pense ? cela n’est pas juste.

Mais vous savez au moins si votre faculté d’avoir des idées est jointe à l’étendue ?

Pas un mot. Il est bien vrai que Tatien dans son discours aux Grecs, dit que l’ame est composée manifestement d’un corps. Irénée dans son chapitre 62 du second livre, dit, que le Seigneur a enseigné que nos ames gardent la figure de notre corps pour en conserver la mémoire. Tertullien assure dans son second livre de l’Âme, qu’elle est un corps. Arnobe, Lactance, Hilaire, Grégoire de Nice, Ambroise n’ont point une autre opinion. On prétend que d’autres Pères de l’Église assurent que l’ame est sans aucune étendue, & qu’en cela ils sont de l’avis de Platon, ce qui est très-douteux. Pour moi je n’ose être d’aucun avis ; je ne vois qu’incompréhensibilité dans l’un & dans l’autre systême ; & après y avoir rêvé toute ma vie, je suis aussi avancé que le premier jour.

Ce n’était donc pas la peine d’y penser ?