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forme aux notions communes & aux vérités primitives & immuables.

Que soutenir, comme font leurs adversaires, qu’il y a plusieurs personnes distinctes dans l’essence divine, & que ce n’est pas l’éternel qui est le seul vrai Dieu, mais qu’il y faut joindre le fils & le St. Esprit, c’est introduire dans l’Église de Jésus-Christ l’erreur la plus grossière & la plus dangereuse ; puisque c’est favoriser ouvertement le polythéisme.

Qu’il implique contradiction de dire qu’il n’y a qu’un Dieu & que néanmoins il y a trois personnes, chacune desquelles est véritablement Dieu.

Que cette distinction, un en essence & trois en personnes, n’a jamais été dans l’écriture.

Qu’elle est manifestement fausse, puisqu’il est certain qu’il n’y a pas moins d’essences que de personnes, & de personnes que d’essences.

Que les trois personnes de la trinité sont ou trois substances différentes, ou des accidents de l’essence divine, ou cette essence même sans distinction.

Que dans le premier cas on fait trois Dieux.

Que dans le second on fait Dieu composé d’accidents, on adore des accidents, & on métamorphose des accidents en des personnes.

Que dans le troisième, c’est inutilement & sans fondement qu’on divise un sujet indivisible & qu’on distingue en trois ce qui n’est point distingué en soi.

Que si on dit que les trois personnalités ne