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en effet, les dieux l’ont averti qu’il serait vainqueur.

On ne tient compte que des rêves qui ont été accomplis, on oublie les autres. Les songes font une grande partie de l’histoire ancienne, aussi bien que les oracles.

La Vulgate traduit ainsi la fin du verset 26 du chap. 19 du Lévitique : Vous n’observerez point les songes. Mais le mot songe n’est point dans l’hébreu : & il serait assez étrange qu’on réprouvât l’observation des songes dans le même livre où il est dit que Joseph devint le bienfaiteur de l’Égypte & de sa famille, pour avoir expliqué trois songes.

L’explication des rêves était une chose si commune qu’on ne se bornait pas à cette intelligence ; il fallait encor deviner quelquefois ce qu’un autre homme avait rêvé. Nabucodonosor ayant oublié un songe qu’il avait fait, ordonna à ses mages de le deviner, & les menaça de mort s’ils n’en venaient pas à bout ; mais le Juif Daniel qui était de l’école des mages, leur sauva la vie en devinant quel était le songe du roi, & en l’interprétant. Cette histoire & beaucoup d’autres, pourraient servir à prouver que la loi des Juifs ne défendait pas l’onéiromancie, c’est-à-dire, la science des songes.

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