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sieurs autres. Mais qui que ce fait qui ait compilé ce recueil des Sentences Orientales, il n’y a pas d’apparence que ce soit un Roi qui s’en soit donné la peine. Aurait-il dit, que la terreur du Roi est comme le rugissement du lion C’est ainsi que parle un sujet ou un esclave, que la colère de son maître fait trembler. Salomon aurait-il tant parlé de la femme impudique ? Aurait-il dit, ne regardez, point le vin quand il parait clair, & que sa couleur brille dont le verre ?

Je doute fort qu’on ait eu des verres à boire du temps de Salomon ; c’est une invention fort récente ; toute l’antiquité buvait dans des tasses de bois ou de métal ; & ce seul passage indique que cet ouvrage fut fait par un Juif d’Alexandrie, longtemps après Alexandre.

Reste l’Ecclésiaste, que Grotius prétend avoir été écrit sous Zorobabel. On fait assez avec quelle liberté l’auteur de l’Ecclésiaste s’exprime ; on sait qu’il dit que les hommes n’ont rien de plus que les bêtes ; qu’il vaut mieux n’être pas né que d’exister ; qu’il n’y a point d’autre vie, qu’il n’y a rien de bon que de se réjouir dans set œuvres avec celle qu’on aime.

Il se pourrait faire que Salomon eût tenu de tel discours à quelques unes de ses femmes ; on prétend que ce sont des objections qu’il se fait ; mais ces maximes qui ont l’air un peu libertin, ne ressemblent point du tout à des objections ; & c’est se moquer du monde, d’entendre dans un auteur le contraire de ce qu’il dit.