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Car de voir Jupiter taureau,
Serpent, cygne, ou quelque autre chose,
Je ne trouve point cela beau,
Et ne m’étonne pas, si parfois on en cause.

(Prologue d’Amphitrion.)

Sans doute cela est fort impertinent ; mais qu’on me montre dans toute l’antiquité un temple dédié à Léda couchant avec un cygne ou avec un taureau ? Y a-t-il eu un sermon prêché dans Athènes ou dans Rome pour encourager les filles à faire des enfans avec les cygnes de leur basse-cour ? Les fables recueillies & ornées par Ovide sont-elles la religion ? ne ressemblent-elles pas à notre Légende dorée, à notre Fleur des saints ? Si quelque brame ou quelque derviche venait nous objecter l’histoire de sainte Marie égyptienne, laquelle n’ayant pas de quoi payer les matelots qui l’avaient conduite en Égypte, donna à chacun d’eux ce que l’on appelle des faveurs, en guise de monnaie, nous dirions au brame, Mon révérend père, vous vous trompez, notre religion n’est pas la Légende dorée.

Nous reprochons aux anciens leurs oracles, leurs prodiges : s’ils revenaient au monde & qu’on pût compter les miracles de Notre-Dame de Lorette, & ceux de Notre-Dame d’Éphèse, en faveur de qui des deux serait la balance du compte ?

Les sacrifices humains ont été établis chez presque tous les peuples, mais très-rarement