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qu’ayant vendu son fonds & en ayant donné l’argent à Pierre, il avait retenu pour lui & pour sa femme quelques écus pour subvenir à leurs nécessités sans le dire ? À peine Anania est-il mort, que sa femme arrive. Pierre au lieu de l’avertir charitablement qu’il vient de faire mourir son mari d’apoplexie, pour avoir gardé quelques oboles, & de lui dire de bien prendre garde à elle, la fait tomber dans le piège. Il lui demande si son mari a donné tout son argent aux saints. La bonne femme répond, oui, & elle meurt sur-le-champ. Cela est dur.

Corringius demande, pourquoi Pierre qui tuait ainsi ceux qui lui avaient fait l’aumône, n’allait pas tuer plutôt tous les docteurs qui avaient fait mourir Jésus-Christ, & qui le firent fouetter lui-même plus d’une fois ? O Pierre ! vous faites mourir deux chrétiens qui vous ont fait l’aumône, & vous laissez vivre ceux qui ont crucifié votre Dieu !

Apparemment que Corringius n’était pas en pays d’Inquisition, quand il faisait ces questions hardies. Érasme, à propos de Pierre, remarquait une chose fort singulière ; c’est que le chef de la religion chrétienne commença son apostolat par renier Jésus-Christ ; & que le premier pontife des Juifs avait commencé son ministère par faire un veau d’or, & par l’adorer.

Quoi qu’il en soit, Pierre nous est dépeint comme un pauvre qui catéchisait des pauvres. Il