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s’appelle une simonie ; on lui demandait, s’il croyait que Simon Pierre eût été au pays ? il répondit, Je ne vois pas que Pierre y ait été, mais je suis sûr de Simon.

Quant à la personne de Pierre, il faut avouer que Paul n’est pas le seul qui ait été scandalisé de sa conduite ; on lui a souvent résisté en face, à lui & à ses successeurs. Ce Paul lui reprochait aigrement de manger des viandes défendues, c’est-à-dire, du porc, du boudin, du lièvre, des anguilles, de l’ixion, & du griffon. Pierre se défendait en disant, qu’il avait vu le ciel ouvert vers la sixième heure, & une grande nappe qui descendait des quatre coins du ciel, laquelle était toute remplie d’anguilles, de quadrupèdes & d’oiseaux ; & que la voix d’un ange avait crié : « Tuez & mangez. » C’est apparemment cette même voix qui a crié à tant de pontifes : « Tuez tout, & mangez la substance du peuple », dit Voloston.

Casaubon ne pouvait approuver la manière dont Pierre traita le bonhomme Anania & Saphira sa femme. De quel droit, disait Casaubon, un Juif esclave des Romains ordonnait-il, ou souffrait-il que tous ceux qui croiraient en Jésus vendissent leurs héritages & en apportassent le prix à ses pieds ? Si quelque anabaptiste à Londres faisait apporter à ses pieds tout l’argent de ses frères, ne serait-il pas arrêté comme un séducteur séditieux, comme un larron qu’on ne manquerait pas d’envoyer à Tyburn ? N’est-il pas horrible de faire mourir Anania, parce