Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/123

Cette page n’a pas encore été corrigée

Un miracle selon l’énergie du mot est une chose admirable. En ce cas tout est miracle. L’ordre prodigieux de la nature, la rotation de cent millions de globes autour d’un million de soleils, l’activité de la lumière, la vie des animaux, sont des miracles perpétuels.

Selon les idées reçues nous appelons miracle la violation de ces loix divines & éternelles. Qu’il y ait une éclipse de soleil pendant la pleine lune, qu’un mort fasse à pied deux lieues de chemin en portant sa tête entre ses bras, nous appelons cela un miracle.

Plusieurs physiciens soutiennent qu’en ce sens il n’y a point de miracles, & voici leurs arguments.

Un miracle est la violation des loix mathématiques, divines, immuables, éternelles. Par ce seul exposé, un miracle est une contradiction dans les termes. Une loi ne peut être à la fois immuable & violée ; mais une loi, leur dit-on, étant établie par Dieu même, ne peut-elle être suspendue par son auteur ? Ils ont la hardiesse de répondre que non, & qu’il est impossible que l’Être infiniment sage ait fait des loix pour les violer. Il ne pouvait, disent-ils, déranger sa machine que pour la faire mieux aller ; or il est clair qu’étant Dieu il a fait cette immense