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méthée, qui avait fait un homme avec de la bouë.

Les Indiens n’ont pas mieux rencontré ; Dieu ayant créé l’homme, il lui donna une drogue qui lui assurait une santé permanente ; l’homme chargea son âne de la drogue, l’âne eut soif, le serpent lui enseigna une fontaine, & pendant que l’âne bûvait, le serpent prit la drogue pour lui.

Les Syriens imaginèrent que l’homme & la femme ayant été créés dans le quatriéme ciel, ils s’avisèrent de manger d’une galette, au lieu de l’ambroisie qui était leur mêts naturel. L’ambroisie s’exhalait par les pores, mais après avoir mangé de la galette, il falait aller à la selle. L’homme & la femme prièrent un ange de leur enseigner où était la garderobe. Voyez-vous, leur dit l’ange, cette petite planète, grande comme rien, qui est à quelque soixante millions de lieües d’ici, c’est-là le privé de l’univers, allez y au plus vite : ils y allèrent, on les y laissa ; & c’est depuis ce temps que notre monde fut ce qu’il est.

On demandera toujours aux Syriens, pourquoi Dieu permit que l’homme mangeât la galette, & qu’il nous en arrivât une foule de maux si épouvantables ?

Je passe vîte de ce quatriéme ciel à Mylord Bolingbroke, pour ne pas m’ennuïer. Cet homme, qui avait sans doute un grand génie, donna au célébre Pope son plan du tout est bien, qu’on retrouve en effet mot pour mot dans les