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personne, mais qui daigna consacrer cette ancienne cérémonie. Tout signe est indifférent par lui-même, & Dieu attache sa grace au signe qu’il lui plaît de choisir. Le Baptême fut bientôt le premier rite & le sceau de la religion chrétienne. Cependant, les quinze premiers évêques de Jérusalem furent tous circoncis, il n’est pas sûr qu’ils fussent baptisés.

On abusa de ce sacrement dans les premiers siècles du christianisme ; rien n’était plus commun que d’attendre l’agonie pour recevoir le Baptême. L’exemple de l’empereur Constantin en est une assez bonne preuve. Voici comme il raisonnait. Le Baptême purifie tout ; je peux donc tuer ma femme, mon fils & tous mes parents, après quoi je me ferai baptiser, & j’irai au ciel, comme de fait il n’y manqua pas. Cet exemple était dangereux ; peu à peu la coutume s’abolit d’attendre la mort pour se mettre dans le bain sacré.

Les Grecs conservèrent toujours le Baptême par immersion : les Latins vers la fin du huitième siècle, ayant étendu leur religion dans les Gaules & la Germanie, & voyant que l’immersion pouvait faire périr les enfans dans des pays froids, substituèrent la simple aspersion, ce qui les fit souvent anathématiser par l’Église Grecque.

On demanda à Saint Cyprien Évêque de Carthage, si ceux-là étaient réellement baptisés, qui s’étaient fait seulement arroser tout le corps ? il répond dans sa 76 lettre, que plusieurs Égli-