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Origène, dans sa préface sur l’Évangile de St. Jean, & dans ses homélies, cite les oracles de l’Apocalypse, mais il cite également les oracles des Sibylles. Cependant St. Denis d’Alexandrie, qui écrivait vers le milieu du troisième siècle, dit dans un de ses fragments, conservés par Eusèbe, que presque tous les docteurs rejettaient l’Apocalypse, comme un livre destitué de raison ; que ce livre n’a point été composé par St. Jean, mais par un nommé Cérinthe, lequel s’était servi d’un grand nom, pour donner plus de poids à ses rèveries.

Le Concile de Laodicée, tenu en 360, ne compta point l’Apocalypse parmi les livres canoniques. Il était bien singulier que Laodicée, qui était une Église à qui l’Apocalypse était adressée, rejettât un trésor destiné pour elle ; & que l’Évêque d’Ephèse qui assistait au Concile, rejettât aussi ce livre de St. Jean, enterré dans Ephèse.

Il était visible à tous les yeux, que St. Jean se remuait toujours dans sa fosse ; & faisait continuellement hausser & baisser la terre. Cependant, les mêmes personnages qui étaient sûrs que St. Jean n’était pas bien mort, étaient sûrs aussi qu’il n’avait pas fait l’Apocalypse. Mais ceux qui tenaient pour le règne de mille ans, furent inébranlables dans leur opinion. Sulpice Sévère, dans son histoire sacrée liv. 9. traite d’insensés & d’impies, ceux qui ne recevaient pas l’Apocalypse. Enfin, après bien des doutes, après des oppositions de Concile à