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AMOUR
NOMMÉ SOCRATIQUE


Comment s’est-il pû faire qu’un vice, destructeur du genre-humain s’il était général, qu’un attentat infâme contre la nature, soit pourtant si naturel ? il paraît être le dernier degré de la corruption réfléchie, & cependant il est le partage ordinaire de ceux qui n’ont pas eu encor le temps d’être corrompus. Il est entré dans des cœurs tout neufs, qui n’ont connu encor ni l’ambition, ni la fraude, ni la soif des richesses, c’est la jeunesse aveugle, qui par un instinct mal démêlé se précipite dans ce désordre au sortir de l’enfance.

Le penchant des deux sexes l’un pour l’autre se déclare de bonne heure ; mais quoi qu’on ait dit des Africaines & des femmes de l’Asie méridionale, ce penchant est généralement beaucoup plus fort dans l’homme que dans la femme, c’est une loi que la nature a établie pour tous les animaux. C’est toujours le mâle qui attaque la femelle.

Les jeunes mâles de notre espèce, élevés ensemble, sentant cette force que la nature commence à déployer en eux, & ne trouvant point l’objet naturel de leur instinct, se rejettent sur ce qui lui ressemble. Souvent un jeune gar-