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sur ce grand article. Ce n’est donc que depuis dix-sept cents ans qu’on est certain de l’existence de l’ame, & de son immortalité.

Ciceron n’avait que des doutes ; son petit-fils & sa petite-fille purent apprendre la vérité des premiers Galiléens qui vinrent à Rome.

Mais avant ce temps-là, & depuis dans tout le reste de la terre où les Apôtres ne pénétrèrent pas, chacun devait dire à son ame, Qui es-tu ? d’où viens-tu ? que fais-tu ? où vas-tu ? Tu es je ne sçais quoi, pensant & sentant, & quand tu sentirais & penserais cent mille millions d’années tu n’en sçauras jamais davantage par tes propres lumières, sans le secours d’un Dieu.

O homme ! ce Dieu t’a donné l’entendement pour te bien conduire, & non pour pénétrer dans l’essence des choses qu’il a créées.



AMITIÉ.


C’est un contrat tacite entre deux personnes sensibles & vertueuses. Je dis sensibles ; car un moine, un solitaire peut n’être point méchant, & vivre sans connaître l’amitié. Je dis vertueuses ; car les méchants n’ont que des complices ; les voluptueux ont des compagnons de débauches ; les intéressés ont des associés, les politiques assemblent des factieux, le commun