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talité de l’ame, une grande école des Juifs ne l’aurait pas toujours combattue. Cette grande école des Saducéens n’aurait pas été autorisée dans l’État : Les Saducéens n’auraient pas occupé les premières charges, on n’aurait pas tiré de grands pontifes de leur corps.

Il paraît que ce ne fut qu’après la fondation d’Alexandrie, que les Juifs se partagèrent en trois sectes ; les Pharisiens, les Saducéens & les Esséniens. L’historien Joseph, qui était Pharisien, nous apprend au livre treize de ses antiquités, que les Pharisiens croyaient la métempsicose. Les Saducéens croyaient que l’ame périssait avec le corps. Les Esséniens, dit encor Joseph, tenaient les ames immortelles ; les ames, selon eux, descendaient en forme aërienne dans les corps, de la plus haute région de l’air ; elles y sont reportées par un attrait violent, & après la mort celles qui ont appartenu à des gens de bien, demeurent au-delà de l’océan, dans un pays où il n’y a ni chaud ni froid, ni vent ni pluie. Les ames des méchants vont dans un climat tout contraire. Telle était la théologie des Juifs.

Celui qui seul devait instruire tous les hommes, vint condamner ces trois sectes ; mais sans lui, nous n’aurions jamais pu rien connaître de notre ame, puisque les philosophes n’en ont jamais eu aucune idée déterminée, & que Moïse, seul vrai législateur du monde avant le nôtre, Moïse qui parlait à Dieu face à face a laissé les hommes dans une ignorance profonde

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