Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il est évident que dans toutes ces promesses & dans toutes ces menaces il n’y a rien que de temporel, & qu’on ne trouve pas un mot sur l’immortalité de l’ame, & sur la vie future.

Plusieurs commentateurs illustres ont cru que Moïse était parfaitement instruit de ces deux grands dogmes ; & ils le prouvent par les paroles de Jacob, qui croyant que son fils avait été dévoré par les bêtes, disait dans sa douleur : Je descendrai avec mon fils dans la fosse, in infernum, dans l’enfer ; c’est-à-dire, je mourrai, puisque mon fils est mort.

Ils le prouvent encor par des passages d’Isaïe & d’Ézéchiel ; mais les Hébreux auxquels parlait Moïse, ne pouvaient avoir lu ni Ézéchiel, ni Isaïe, qui ne vinrent que plusieurs siècles après.

Il est très-inutile de disputer sur les sentiments secrets de Moïse. Le fait est que dans les loix publiques, il n’a jamais parlé d’une vie à venir, qu’il borne tous les châtiments & toutes les récompenses au temps présent. S’il connaissait la vie future, pourquoi n’a-t-il pas expressement étalé ce grand dogme ? & s’il ne l’a pas connu, quel était l’objet de sa mission ? C’est une question que font plusieurs grands personnages ; ils répondent que le maître de Moïse & de tous les hommes, se réservait le droit d’expliquer dans son temps aux Juifs une doctrine qu’ils n’étaient pas en état d’entendre lorsqu’ils étaient dans le désert.

Si Moïse avait annoncé le dogme de l’immor-