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de Philemon & de Baucis n’est pas sans ressemblance avec les deux anges qui apparurent à Loth & à sa femme. Pour la statue de sel, nous ne savons pas à quoi elle ressemble ; est-ce à l’histoire d’Orphée & d’Euridice ?

Il s’est trouvé quelques savants qui ont prétendu qu’on devait retrancher des livres canoniques toutes ces choses incroyables qui scandalisent les faibles ; mais on a dit que ces savants étaient des cœurs corrompus, des hommes à brûler, & qu’il est impossible d’être honnête homme si on ne croit pas que les Sodomites voulurent violer deux anges. C’est ainsi que raisonne une espèce de monstre qui veut dominer sur les esprits.

Quelques célèbres Pères de l’Église ont eu la prudence de tourner toutes ces histoires en allégories, à l’exemple des Juifs, & surtout de Philon. Des papes plus prudents encor voulurent empêcher qu’on ne traduisît ces livres en langue vulgaire, de peur qu’on ne mît les hommes à portée de juger ce qu’on leur proposait d’adorer.

On doit certainement en conclure que ceux qui entendent parfaitement ce livre doivent tolérer ceux qui ne l’entendent pas ; car si ceux-ci n’y entendent rien, ce n’est pas leur faute ; mais ceux qui n’y comprennent rien, doivent tolérer aussi ceux qui comprennent tout.

gloire