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le plus simple. L’auteur juif ne parle pas de la lumière autrement que des autres objets de la création ; il dit également à chaque article, Et Dieu vit que cela était bon. Tout est sublime dans la création sans doute ; mais celle de la lumière ne l’est pas plus que celle de l’herbe des champs ; le sublime est ce qui s’élève au-dessus du reste, & le même tour règne partout dans ce chapitre.

C’était encor une opinion fort ancienne, que la lumière ne venait pas du soleil. On la voyait répandue dans l’air avant le lever & après le coucher de cet astre ; on s’imaginait que le soleil ne servait qu’à la pousser plus fortement : aussi l’auteur de la Genèse se conforme-t-il à cette erreur populaire, & par un singulier renversement de l’ordre des choses, il ne fait créer le soleil & la lune que quatre jours après la lumière. On ne peut concevoir comment il y a un matin & un soir avant qu’il y ait un soleil. Il y a là une confusion qu’il est impossible de débrouiller. L’auteur inspiré se conformait aux préjugés vagues & grossiers de la nation. Dieu ne prétendait pas enseigner la philosophie aux Juifs. Il pouvait élever leur esprit jusqu’à la vérité, mais il aimait mieux descendre jusqu’à eux.

La séparation de la lumière & des ténèbres n’est pas d’une meilleure physique ; il semble que la nuit & le jour fussent mêlés ensemble comme des grains d’espèces différentes que l’on sépare les uns des autres. On sait assez que les ténèbres