Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
AME 7




AME


Ce serait une belle chose de voir son ame. Connais-toi toi-même, est un excellent precepte, mais il n’appartient qu’à Dieu de le mettre en pratique : quel autre que lui peut connaître son essence ?

Nous appelons ame, ce qui anime. Nous n’en sçavons guères davantage, grace aux bornes de notre intelligence. Les trois quarts du genre humain ne vont pas plus loin, & ne s’embarrassent pas de l’être pensant ; l’autre quart cherche, personne n’a trouvé ni ne trouvera.

Pauvre pédant, tu vois une plante qui végète, & tu dis végétation, ou même, ame végétative. Tu remarques que les corps ont & donnent du mouvement, & tu dis Force ; Tu vois ton chien de chasse apprendre sous toi son métier, & tu cries, instinct, ame sensitive : tu as des idées combinées, & tu dis Esprit.

Mais de grace, qu’entends-tu par ces mots. Cette fleur végète ? mais y a-t-il un être réel qui s’appelle végétation, ce corps en pousse un autre, mais possède-t-il en soi un être distinct qui s’appelle force ? ce chien te rapporte une perdrix, mais y a-t-il un être qui s’appelle instinct ? ne rirais-tu pas d’un raisonneur, (eut-il été précepteur d’Alexandre) qui te dirait, Tous


A 4