Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/254

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce sont d’ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques, & qui mettent le poignard entre leurs mains ; ils ressemblent à ce Vieux de la montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, & qui leur promettait une éternité de ces plaisirs, dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu’ils iraient assassiner tous ceux qu’il leur nommerait. Il n’y a eu qu’une seule religion dans le monde qui n’ait pas été souillée par le fanatisme, c’est celle des lettrés de la Chine. Les sectes des philosophes étaient non seulement exemptes de cette peste, mais elles en étaient le remède.

Car l’effet de la philosophie est de rendre l’ame tranquille, & le fanatisme est incompatible avec la tranquillité. Si notre sainte religion a été si souvent corrompue par cette fureur infernale, c’est à la folie des hommes qu’il faut s’en prendre.

Ainsi du plumage qu’il eut
Icare pervertit l’usage ;
Il le reçut pour son salut,
Il s’en servit pour son dommage.

(BERTAUD, évêque de Séez.)

fausseté des vertus humaines