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qui moururent pour l’erreur ; ce n’est donc pas une preuve de la vérité de notre religion que des martyrs soient morts pour elle.

Ils ajoutent de plus qu’on ne demanda jamais aux martyrs : Croyez-vous à l’Évangile de Jean, ou à l’Évangile de Jacques ? Les païens ne pouvaient fonder des interrogatoires sur des livres qu’ils ne connaissaient pas : les magistrats punirent quelques chrétiens comme perturbateurs du repos public ; mais ils ne les interrogèrent jamais sur nos quatre Évangiles. Ces livres ne furent un peu connus des Romains que sous Trajan, & ils ne furent entre les mains du public que dans les dernières années de Dioclétien. Les sociniens rigides ne regardent donc nos quatre Évangiles que comme des ouvrages clandestins fabriqués environ un siècle après Jésus-Christ, & cachés soigneusement aux gentils pendant un autre siècle. Ouvrages, disent-ils, grossièrement écrits par des hommes grossiers qui ne s’adressèrent longtemps qu’à la populace. Nous ne voulons pas répéter ici leurs autres blasphèmes. Cette secte, quoique assez répandue, est aujourd’hui aussi cachée que l’étaient les premiers Évangiles. Il est d’autant plus difficile de les convertir, qu’ils ne croient que leur raison. Les autres chrétiens ne combattent contre eux que par la voix sainte de l’Écriture : ainsi il est impossible que les uns & les autres étant toujours ennemis, puissent jamais se rencontrer.

(par l’abbé de Tilladet.)