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en Grèce, dans l’Égypte & dans l’Asie. Ils furent accusés d’impiété, d’athéisme par leurs frères juifs, qui les excommuniaient dans leurs synagogues trois fois les jours du sabbat. Mais Dieu les soutint toujours au milieu des persécutions.

Petit à petit, plusieurs Églises se formèrent, & la séparation devint entière entre les Juifs & les chrétiens, avant la fin du premier siècle ; cette séparation était ignorée du gouvernement romain. Le sénat de Rome, ni les empereurs n’entraient point dans ces querelles d’un petit parti que Dieu avait jusque-là conduit dans l’obscurité, & qu’il élevait par des degrés insensibles.

Il faut voir dans quel état était alors la religion de l’empire romain. Les mystères & les expiations étaient accrédités dans presque toute la terre. Les empereurs (il est vrai), les grands & les philosophes, n’avaient nulle foi à ces mystères ; mais le peuple, qui en fait de religion donne la loi aux grands, leur imposait la nécessité de se conformer en apparence à son culte. Il faut pour l’enchaîner paraître porter les mêmes chaînes que lui. Cicéron lui-même fut initié aux mystères d’Éleusine. La connaissance d’un seul Dieu était le principal dogme qu’on annonçait dans ces fêtes mystérieuses & magnifiques. Il faut avouer que les prières & les hymnes qui nous sont restés de ces mystères, sont ce que le paganisme a de plus pieux & de plus admirable.