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qu’il aurait trouvé dans ce château deux ou trois statues de connétables, pour lesquelles on aurait un profond respect ?

Le célèbre Wolf, professeur de mathématique dans l’université de Halle, prononça un jour un très-bon discours, à la louange de la philosophie chinoise ; il loua cette ancienne espèce d’hommes, qui diffère de nous par la barbe, par les yeux, par le nez, par les oreilles & par le raisonnement ; il loua, dis-je, les Chinois d’adorer un Dieu suprême, & d’aimer la vertu ; il rendait cette justice aux empereurs de la Chine, aux kolaos, aux tribunaux, aux lettrés. La justice qu’on rend aux bonzes est d’une espèce différente.

Il faut savoir que ce Wolf attirait à Halle un millier d’écoliers de toutes les nations. Il y avait dans la même université un professeur de théologie nommé Lange, qui n’attirait personne ; cet homme au désespoir de geler de froid seul dans son auditoire, voulut, comme de raison, perdre le professeur de mathématiques ; il ne manqua pas, selon la coutume de ses semblables, de l’accuser de ne pas croire en Dieu.

Quelques écrivains d’Europe, qui n’avaient jamais été à la Chine, avaient prétendu que le gouvernement de Pékin était athée. Wolf avait loué les philosophes de Pékin, donc Wolf était athée ; l’envie & la haine ne font jamais de meilleurs syllogismes. Cet argument de Lange, soutenu d’une cabale & d’un protecteur,