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CHANT IV


Argument.- Jeanne et Dunois combattent les Anglais. Ce qui leur arrive dans le château d’Hermaphrodix.



Si j’étais roi, je voudrais être juste,
Dans le repos maintenir mes sujets,
Et tous les jours de mon empire auguste
Seraient marqués par de nouveaux bienfaits.
Que si j’étais contrôleur des finances,
Je donnerais à quelques beaux esprits,
Par-ci, par-là, de bonnes ordonnances :
Car, après tout, leur travail vaut son prix.
Que si j’étais archevêque à Paris,
Je tâcherais avec le moliniste
D’apprivoiser le rude janséniste.
Mais si j’aimais une jeune beauté,
Je ne voudrais m’éloigner d’auprès d’elle,
Et chaque jour une fête nouvelle,
Chassant l’ennui de l’uniformité,
Tiendrait son cœur en mes fers arrêté.
Heureux amants, que l’absence est cruelle !
Que de danger on essuie en amour !
On risque, hélas ! dès qu’on quitte sa belle,
D’être cocu deux ou trois fois par jour.



Le preux Chandos à peine avait la joie
De s’ébaudir sur sa nouvelle proie,
Que tout à coup Jeanne de rang en rang
Porte la mort, et fait couler le sang.
De Débora la redoutable lance
Perce Dildo si fatal à la France,
Lui qui pilla les trésors de Clairvaux,
Et viola les sœurs de Fontevraux.