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CHANT TROISIÈME.




ARGUMENT.
Description du palais de la Sottise. Combats vers Orléans. Agnès se revêt de l’armure de Jeanne pour aller trouver son amant : elle est prise par les Anglais, et sa pudeur souffre beaucoup.


EtCe n’est le tout d’avoir un grand courage,
Un coup d’œil ferme au milieu des combats,
D’être tranquille à l’aspect du carnage,
Et de conduire un monde de soldats ;
Car tout cela se voit en tous climats,
Et tour à tour ils ont cet avantage.
Qui me dira si nos ardents Français
Dans ce grand art, l’art affreux de la guerre,
Sont plus savants que l’intrépide Anglais ?
Si le Germain l’emporte sur l’Ibère ?
Tous ont vaincu, tous ont été défaits.
Le grand Condé fut vaincu par Turenne[1],
Le fier Villars fut battu par Eugène[2] ;
De Stanislas le vertueux support,
Ce roi soldat, don Quichotte du Nord,
Dont la valeur a paru plus qu’humaine,
N’a-t-il pas vu, dans le fond de l’Ukraine,
À Pultava tous ses lauriers flétris[3]

  1. À la fameuse bataille des Dunes, près de Dunkerque. (Note de Voltaire, 1762.) — Condé fut plus d’une fois battu par Turenne ; et Voltaire aurait dû citer toute autre bataille que celle des Dunes, où il ne fut pas difficile à Turenne de vaincre, attendu que Condé, qui était dans l’armée de Flandre, ne la commandait pas. Voyez le Siècle de Louis XIV, chap. vi.
  2. À Malplaquet, près de Mons, en 1709. (Note de Voltaire, 1762.) — Voyez le Siècle de Louis XIV, chap. xxi.
  3. Aussi en 1709. (Note de Voltaire, 1762). — Voyez l’Histoire de Charles XII, liv. IV.