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VARIANTES
DE LA MULE DU PAPE.



Vers 15 :

Depuis longtemps ; et tout sera pour toi ;
Tu tiendras tout de ma pleine puissance.

Vers 47. — Dans les Œuvres de Grécourt, on trouve de ce conte une autre version que voici :

Frères très-chers, on lit en saint Matthieu
Qu’un jour le diable emporta le bon Dieu
Sur la montagne, et là lui dit : « Beau sire,
Vois-tu ces mers, vois-tu ce vaste empire,
Ce nouveau monde inconnu jusqu’ici,
Rome la grande et sa magnificence ?
Je te ferai maître de tout ceci,
Si tu me veux faire la révérence. »
Lors le Seigneur, ayant un peu rêvé,
Dit au démon que, quoique en apparence
Avantageux le marché fût trouvé,
Il ne pouvait le faire en conscience ;
Qu’étant trop riche on fait mal son salut.
Un temps après, notre ami Belzébut
S’en fut à Rome. Or c’était l’heureux âge
Où Rome était fourmilière d’élus :
Le pape était un pauvre personnage.
Pasteur de gens, évêque, et rien de plus.
L’Esprit malin s’en va droit au saint-père.
Dans son taudis l’aborde, et lui dit : « Frère,
Si tu voulais tâter de la grandeur ?…
— Si j’en voudrais ? oui, parbleu ! monseigneur, »
Marché fut fait : or voilà mon pontife
Aux pieds du diable, et lui baisant la griffe.
Le farfadet, d’un air de sénateur,
Lui met au chef une triple couronne :
« Prenez, dit-il, ce que Satan vous donne ;
Servez-le bien, vous aurez sa faveur. »