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Si mes prés, mes jardins, mes forêts, s’embellissent ;
Si mes vassaux se réjouissent.
Et sous l’orme viennent danser ;
Si parfois, pour me délasser,

Je relis l’Arioste, ou même la Pucelle[1],


Toujours catin, toujours fidèle,
Ou quelque autre impudent dont j’aime les écrits,
Je ris.

Il le faut avouer, telle est la vie humaine :
Chacun a son lutin qui toujours le promène
Des chagrins aux amusements.
De cinq sens tout au plus malgré moi je dépends ;
L’homme est fait, je le sais, d’une pâte divine ;
Nous serons tous un jour des esprits glorieux ;
Mais dans ce monde-ci l’âme est un peu machine :
La nature change à nos yeux ;
Et le plus triste Héraclite
Redevient un Démocrite
Lorsque ses affaires vont mieux[2].


fin des petits poèmes.
  1. Dans le Mercure on avait mis ici quelques points, et l’on avait imprimé seulement :

    Je relis Arioste………………………………………

    ..................

    Ou quelque autre impudent dont j’aime les écrits. (B.)

  2. La plupart des éditeurs mettent ici le Temple du Goût et la relation du Voyage à Berlin, en prose et en vers, adressée de Clèves à Mme Denis en 1750. Il nous a paru que la place de ces deux morceaux n’était point parmi les Petits Poèmes. Le Temple du Goût est donné à la fin du tome précédent, et la relation du Voyage à Berlin figure naturellement à sa date dans la Correspondance.