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EPILOGUE

��Je (lonnorni le sixième cliant* dès que l'auteur voudra bien m'en gratifier ; car il gratifie, et ne vend pas, quoi qu'en dise l'ex-jésuite Patouillet dans un de ses mandements contre tous les parlements du royaume, sous le nom d'un archevêque^. J'espère

1. Voltaire n'a pas donné plus de cinq chants; voyez la note de la page 507.

2. J.-F. de Montillet, archevêque d'Auch, signa dans son palais archiépiscopal, le 23 janvier 1764, un lihelle diffamatoire composé par Patouillet et consorts. Ce libelle fut condamné à être brûlé par le bourreau, et l'archevêque à dix mille écus d'amende. Il est dit dans ce libelle ( page 35 ) : « Vos pères vous avaient appris à respecter les jésuites; cette vénérable compagnie vous avait pris dans son sein dès votre enfance, pour former vos cœurs et vos esprits par le lait de ses instructions. Elle cesse d'être : on leur ôte, en les rendant au siècle, le patrimoine qu'ils y avaient laissé, etc. » C'est-à-dire que Patouill t voulait bouleverser la famille des Patouillcts, en demandant à partager, et en no se contentant pas de sa pension.

Patouillet poursuit humblement dans son palais archiépiscopal (page 47) : <' Quelle est la puissance qui a frappé ces coups inouïs? c'est une puissance étran- gère .. qui est allée bien au delà des limites de sa compétence. » Ainsi, selon l'archevêque d'Auch, il faut excommunier tous les parlements du royaume, les rois de France, d'Espagne, de Naples, de Portugal, le duc de Parme, etc., etc., etc. « Ces parlements, ajoute-t-il (page 48), sont les vrais ennemis des deux puis- sances, qui, raille fois abattus par leur concert, toujours animés de la rage la plus noire, toujours attentifs à nous nuire, nous ont porté enfin le plus perçant de tous les coups. » Ainsi Patouillet fait dire à Montillet que les parlements sont des sédi- tieux qui ont nuit à tous les évêques en les défaisant des jésuites.

Notre imbécile Montillet Devint ainsi le perroquet De notre savant Patouillet ; Mais on rabattit son caquet.

Patouillet s'avise de parler do poésie dans son mandement. Il traite (page 13) de vagabond un officier du roi qui n'était pas sorti de ses terres depuis quinze ans. Il est assez bien instruit pour appeler mercenaire un homme qui dans ce temps-là même avait prêté g(5néreuscment au neveu do J.-F. Montillet une somme considé- rable, en bon voisin; et le J.-F. Montillet d'Auch est assez malavisé pour signer cette impertinence. J'étais auprès de cet officier du roi quand, au bout de trois ans, la nièce de l'archevêque J.-F. Montillet envoya son argent avec les intérêts au créancier, qui les jeta au nez du porteur.

Si j'avais été à la place de l'archevêque J.-F. Montillet, j'aurais écrit au bien- faiteur de mon neveu : « Monsieur, je vous demande très-humblement pardon d'avoir signé le libelle de Patouillet, etc.; » ou bien: « Monsieur, je suis un imbé- cile qui ne sais pas ce que c'est qu'un mandement, et qui m'en suis rapporté à ce misérable Patouillet, etc.; » ou bien : « Monsieur, pardonnez à ma bêtise si, ne sachant ni lire ni écrire, j'ai prêté mon nom à ce polisson de Patouillet » ; ou enfin quelque chose dans ce goût d'honnêteté et de décence. Mais en voilà assez sur Mon- tillet et Patouillet. {Note de Voltaire.)

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